Résistance à la statistique, résistance à la sociologie
DOI
https://doi.org/10.52983/crev.vi0.57Résumé
L’objectivation du monde social, tâche essentielle de la sociologie, passe par la réduction statistique. C’est en appréhendant « à vol d’oiseau » les trajectoires personnelles qu’on a le plus de chances de les mettre en parallèle et d’en révéler la vérité profonde. Or rien n’est plus malaisé qu’une telle rupture. Rien n’est plus coûteux que cette banalisation de l’irréductible qu’implique l’analyse sociologique du monde social. On se propose de montrer ici que la pratique sociologique ne se définit pas sans la pratique statistique, et réciproquement. Elles se constituent en quelque sorte par une série de prises de position de l’une sur l’autre. On avancera d’abord que la résistance à l’objectivation statistique exprime très couramment une opposition à toute objectivation de type sociologique. Mais cette première proposition sera corrigée par une seconde, à savoir que la statistique peut à son tour constituer le moyen d’échapper aux exigences de l’analyse sociologique. À cela une explication simple : la statistique est objectivement une technique de rupture avec les représentations spontanées, elle n’en est pas encore une théorie. C’est à la sociologie de prendre le relais en tentant d’analyser la distance qui sépare les régularités statistiques des représentations spontanées. Quelques exemples illustreront ce double mouvement et réussiront peut-être à montrer qu’il ne renferme aucune contradiction…
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